Reçues par courriel, ce matin 17 décembre 2012, ces informations sur le recrutement des membres du gouvernement de François Hollande. L'analyse de Jean-Pierre Makno est suivie d'un exposé de Dominique Wolton sur la symbiose actuelle de l'oligarchie médiatique et des "élites" politiques.
Jean-Pierre Makno, rédacteur du média citoyen Agora Vox, se présente lui-même ainsi : "Passionné d'internet, très concerné par les questions d'économie responsable, solidaire et sociétale."
Dominique Wolton, né en 1947, est : "un intellectuel français, chercheur en sciences de la communication, spécialiste des médias, de l'espace public, de la communication politique, et des rapports entre sciences, techniques et société. Ses recherches contribuent à valoriser une conception de la communication qui privilégie l'homme et la démocratie plutôt que la technique et l'économie."
Cf. Wikipedia.
Il dirige l'Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC)
I want you French and European Young Leaders !
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À : alerte_otan@yahoogroupes.fr
Objet : [alerte_otan] La fabrication des valets
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> Message du 16/12/12 13:44
:: Jean-Pierre Makno 14/12/12 :: 14:24
Le réseau, seul déterminant d’une entrée au gouvernement de F. Hollande
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> Ils proviennent en réalité tous du réseau franco-américain Young Leaders, sponsorisé par la banque Lazard.
> http://www.french-american.org/leadership/young-leaders/index.html
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> « Programme phare de la French-American Foundation, il a été créé en 1981 et sélectionne chaque année pour leurs réalisations et leur leadership, 10 Français et 10 Américains âgés de 30 à 40 ans, appelés à jouer un rôle important dans leur pays et dans les relations franco-américaines. »
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> Ce descriptif laconique est accessible sur le site internet de la fondation. Qui détermine et sur quels critères, l’importance du rôle potentiel joué par les candidats ? Aucune information à ce sujet, mais il y a fort à parier que n’importe quel citoyen ne peut rentrer comme il veut dans ce cercle fermé.
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> Atlantico révèle en effet qu’il faut être parrainé pour appartenir au réseau Young Leaders, et donne quelques chiffres intéressants :
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> « Ces heureux « élus » sont choisis comme d’habitude parmi l’élite française : seuls 4% des Young Leaders français ne sont pas diplômés de l’ENA ou pas titulaires d’au moins un diplôme Bac+5, les trois quarts sont des hommes, à 80 % Parisiens… » … « Pour ce qui est de l’efficacité des « Young Leaders », les chiffres parlent plus que tous les longs discours : sur les 8 socialistes sélectionnés comme Young Leaders depuis François Hollande en 1996, 6 rentrent dans son gouvernement cette semaine. (Ne restent sur la touche, pour le moment, que Bruno Le Roux, qualifié par beaucoup de « ministrable », et Olivier Ferrand***, l’ambitieux président du think-tank Terra Nova ayant permis l’élection de François Hollande aux élections primaires ; deux candidats impatients de rejoindre leurs camarades Young Leaders au gouvernement). »
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> Qu’est ce qui justifie une nomination ?
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> Une question que tout électeur est en droit de se poser. Car à la vue de ces réseaux, le diplôme ne semble pas vraiment être le seul atout requis pour accéder à de hautes fonctions. La réponse est qu’en réalité, ce ne sont certainement pas les compétences de l'heureux élu qui justifient la place qu’il occupe. Un constat qui fait tâche dans une République de la méritocratie.
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> Très rapidement après l’élection présidentielle ayant vu François Hollande accéder à la magistrature suprême, le Canard enchaîné a enquêté. Le journal rappelait ainsi que Laurent Olléon, époux de Fleur Pellerin, est entré au cabinet de Marylise Lebranchu et en est maintenant directeur adjoint. Autre « mari de », qui a été propulsé à un poste par ce simple statut, Boris Vallaud (mari de Najat Vallaud-Belkacem), qui est devenu conseiller d’Arnaud Montebourg, désormais rompu au mélange entre vie publique et privée.
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> Aquilino Morelle, conseiller de l’Elysée, est marié à Laurence Engel, qui a réussi à décrocher un entretien d’embauche fructueux alors qu’elle était en compétition avec 400 jeunes diplômés prometteurs (ironie), puisque celle ci a été nommée directrice du cabinet d’Aurélie Filippetti. Avec des promotions aussi fulgurantes, on se demande comment les membres du gouvernement peuvent avoir conscience de la réalité du marché de l’emploi…
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> Des réseaux utiles jusque dans l’attribution de marchés ?
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> En août 2012 la Banque Lazard est choisie par le gouvernement français pour conseiller l'État dans la création de la Banque publique d'investissement. Rappelons que Lazard est le principal sponsor du réseau Young Leaders, dont est issu un bon nombre de membres du gouvernement. Le PDG de Lazard France n’est autre que Matthieu Pigasse, ami d’Arnaud Montebourg, et propriétaire des Inrockuptibles ou avait été nommée l’ex-compagne du Ministre, Audrey Pulvar, elle aussi triomphante d’un entretien d’embauche sévère où la concurrence a fait rage. Les principaux intéressés ont beau démentir les liens d’intérêts, ceux-ci sont nombreux et pour le moins troublants. Un mauvais signal pour la démocratie, puisqu’en suivant ce genre de logique, nos jeunes ne bénéficiant pas d’un réseau aussi étoffé n’ont aucune chance d’accéder à des postes politiques d’importance.
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Notes :
Le règne de l'oligarchie médiatique
> Opinion de Dominique Wolton
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> Si les journalistes sont de moins en moins crédibles, c'est parce qu'il existe une oligarchie médiatique qui ne
représente ni l'opinion, ni la société, mais elle-même, et qui vit en symbiose avec l'élite politique.
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> Une des légitimités du journalisme, mais qui n'est plus exacte, était que le journaliste est le porte-parole de
l'opinion publique. Aujourd'hui, les sondages font partiellement ce travail. C'était au nom de cette référence abstraite que les journalistes critiquaient le pouvoir politique. Aujourd'hui,
ils parlent en leur nom. Le problème du monde médiatique est son manque d'autonomie par rapport au monde politique, sa faible légitimité et son découplage par rapport à l'opinion. D'autant
que, simultanément, les élites se sont beaucoup homogénéisées.
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> C'est d'ailleurs paradoxal. Il n'y a jamais eu autant de capteurs de la diversité de la réalité et jamais autant
d'étroitesse dans la représentation de la société et des élites. Ce n'est pas grave parce que l'opinion publique est lucide, même si cette distance critique naissante ne se voit
pas.
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> La base de la légitimité des journalistes vient de la confiance que l'on a à leur égard. Or celle-là ne cesse de
baisser depuis trente ans. Les journalistes ne le voient guère, préférant trop souvent s'enfermer dans leur univers, convaincus de leur bon droit. Résultat : ils «tiennent» en partie les
politiques et prennent le silence du public pour un acquiescement.
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> Le mythe du quatrième pouvoir
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> Ma démarche ne s'inscrit pas contre les journalistes, comme je l'écris depuis longtemps. Dans un univers saturé
d'informations, ce sont des intermédiaires indispensables. Mais pourquoi ce milieu composé de gens intelligents est-il en train de basculer ? Pourquoi cette oligarchie n'entend-elle rien ?
Autant je défends l'information, la critique et le contre-pouvoir de la presse, autant je m'oppose au mythe de la presse érigée en quatrième pouvoir.
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> En fait, cette dérive ne concerne pas tous les journalistes, mais surtout une partie de la hiérarchie. Distinguons
trois groupes : l'«élite», l'oligarchie des éditorialistes et des dirigeants, qui remplace de plus en plus une élite intellectuelle, culturelle et universitaire déclassée depuis presque
quarante ans. La classe moyenne des journalistes, majoritaire, de plus en plus intéressante, qui porte un regard critique sur l'oligarchie, mais n'ose pas l'affronter. Enfin, la troisième
classe, les jeunes, en partie précarisés, qui sont souvent sur les réseaux. Ils veulent s'en sortir, mais manquent pour beaucoup de réflexion critique et s'imaginent qu'avec Internet, un
nouveau monde s'offre à eux !
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> L'oligarchie ne représente ni l'opinion, ni la société, mais elle-même. Elle est souvent le seul contact pour des
politiques mécaniquement déconnectés d'une bonne partie de la réalité. Ces deux univers se confortent alors dans une représentation limitée du monde. Cela pose le problème de la
consanguinité entre journalistes et politiques qui vivent les uns avec les autres, avec les mêmes calendriers et les mêmes visions du monde.
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> En plus, les journalistes oligarques deviennent les experts que l'on interroge. Ils ont un redoutable pouvoir de
sélection pour inviter les personnalités. Une poignée de ces experts-commentateurs se retrouvent plusieurs fois par semaine dans d'autres rédactions, pour commenter l'actualité. Pourquoi ?
Où est la diversité ? Quant aux autres experts, ils sont souvent réduits à la portion congrue, ou complètement identifiés aux journalistes. Il n'y a plus d'altérité.
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> Pour les politiques, cette oligarchie (qui n'est d'ailleurs pas seulement journalistique) est un mur qu'ils
n'arrivent souvent pas à traverser. Ils n'ont plus de contact direct avec la réalité. Pourtant, apparemment, le politique n'a jamais su «aussi facilement» ce qui se passe, par les tweets,
les sondages, les blogs...
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> Course à l'urgence
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> L'autre problème que doivent affronter les médias, c'est l'idéologie de l'immédiateté, avec la chasse au scoop et la
concurrence exacerbée qui ne dit pas son nom. Le pouvoir politique devrait contraindre les médias à ralentir et non à imposer leur rythme. Les chaînes d'information et Internet sont
l'incarnation de cette discordance. Ils doivent créer du drame, trouver l'audience et donner le sentiment qu'il se passe toujours quelque chose de grave, même si l'écrasante majorité de la
population ne vit pas dans cet espace-temps !
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> Ce déferlement ne traduit pas une maturité. Le pouvoir médiatique ne connaît plus ses limites, juge de tout et
alimente la course à l'urgence et aux rumeurs. Les médias vont trop vite, alors que la politique va toujours plus lentement. Et rien ne sert de dramatiser ce qui souvent l'est déjà assez.
Qui vit au rythme de l'information continue ?
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>
> Pour retrouver l'attention ou la confiance de l'opinion publique, nous avons besoin de la cohabitation conflictuelle
de différents points de vue. Le monde politique, le monde médiatique, le milieu de la connaissance et la société. Ces quatre visions doivent cohabiter afin de montrer la complexité de la
société.
>
>
> L'information en direct a été à juste titre un idéal pour toute la presse, mais elle peut devenir un cauchemar. Il
faut au moins diversifier les points de vue, compléter le travail des journalistes par d'autres visions du monde, et compléter la vitesse par toujours plus de connaissances, de culture,
d'érudition, d'explications. Bref, rétablir la pluralité des chronologies et des points de vue. C'est la confiance dans les médias qui est en jeu et la légitimité des journalistes qui est à
revaloriser.
*** Olivier
Ferrand
" Olivier Ferrand, jeune espoir du PS, nouveau député, est décédé brutalement le 30 juin 2012
MARSEILLE - Olivier Ferrand, fondateur du think tank proche du PS Terra Nova, qui venait d'être élu député socialiste de la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône, est décédé samedi matin à Velaux, non loin de Marseille, d'un arrêt cardiaque, à 42 ans."...
Lire la suite sur L'EXPRESS
FRENCH-AMERICAN FOUNDATION - FRANCE
Ne pas manquer d'explorer les différentes rubriques du Site
[ The French-American Foundation – France was established in Paris on 1976, in coordination with its sister Foundation, the French American Foundation in New York. They share the same mission: strengthening the French-American relations and fostering a mutual understanding of each other’s policies and decisions. Both foundations are committed to working jointly. ]
- Lire la suite :
http://www.french-american.org/qui-sommes-nous/histoire-en.html
http://www.french-american.org/adhesion/nos-membres.html
De nombreuses banques et entreprises françaises, y compris publiques, parmi les plus grandes sont membres de cette fondation américano- française de formatage des esprits des futurs dirigeants français, ces Young Leaders... Persuadés de l'excellence de la culture mondialiste libérale, dirigée par les Etats-Unis, ils seront prêts à servir l'idéologie US sans états d'âme. Il n'est que de suivre l'Actualité : crises financières à répétition et menaces de guerre tous azimuts, pour constater la "nocivité" de nos dirigeants depuis quelques années !
- Liste des anciens Young Leaders depuis 1981 ;
http://www.french-american.org/files/liste-ylfr-depuis1981.pdf
On y trouvera sans surprise quelques noms connus :
Jean-Louis Gergorin, Bernard Guetta, Laurent Joffrin, Anne Lauvergeon, Alain Juppé, Stéphane Israël, Helen Lee Bouygues, Sylvie Kauffmann, Pierre Moscovici, Valérie Pécresse, Fleur Pellerin, Edouard Philippe Député-Maire du Havre, Guy Sorman, Matthieu Pigasse, Catherine Sueur Directrice générale déléguée Radio France, Najat Vallaud-Belkacem, Sébastien Veil ...Shan Sa Ecrivain... etc...
... Et d'autres noms moins connus du grand public.
- Leadership :
http://www.french-american.org/leadership/index.html
Il y a les : Young Leaders, mais aussi le : Réseau « Obliques »
Ce programme des Youngs Leaders satisfait tant les dirigeants US, qu'il y a un an ( novembre 2011), ils ont chargé Daniel Cohn-Bendit de lancer le programme "European Young Leaders"