Symbole d'espérance : quelques pensées entre des cailloux
La petite Espérance
La foi que j’aime le mieux, dit Dieu,
c’est l’espérance.
La foi, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.
J’éclate tellement dans ma création.
La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.
Ces pauvres créatures sont si malheureuses
qu’à moins d’avoir un coeur de pierre,
comment n’auraient-elles point charité
les unes des autres.
Mais l’espérance, dit Dieu,
voilà ce qui m’étonne.
Moi-même.
Ça c’est étonnant.
Que ces pauvres enfants voient
comme tout ça se passe
et qu’ils croient que demain ça ira mieux.
Qu’ils voient comme ça se passe aujourd’hui
et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin.
Ça c’est étonnant et c’est bien
la plus grande merveille de notre grâce.
Et j’en suis étonné moi-même.
Quelle ne faut-il pas que soit ma grâce
et la force de ma grâce pour que cette petite
espérance, vacillante au souffle du péché,
tremblante à tous les vents,
anxieuse au moindre souffle,
soit aussi invariable,
se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi pure;
et invincible, et immortelle, et impossible à éteindre;
que cette petite flamme du sanctuaire.
Qui brûle éternellement dans la lampe fidèle.
Charles Péguy (1873-1914)
Cette petite Espérance, flamme vacillante que le général de Gaulle a su ranimer dans les cœurs du Peuple français, par son Appel du 18 juin : peuple anéanti par la débâcle de son armée face au déferlement de la Wehrmacht, et par la capitulation de ses gouvernants ... Flamme qui a grandi dans l’adversité, les larmes et les combats, galvanisant les énergies et le courage des Résistants à l’occupant étranger jusqu’à la victoire finale, après cinq longues années de luttes et de sacrifices.
Nihil nove sub sole !
Cette petite Espérance, si délicatement évoquée avec
tendresse par Charles Péguy, persiste, aujourd’hui encore envers et contre tout, dans le cœur des hommes et des peuples opprimés : la petite flamme vivace, que nourrit l’espoir de jours meilleurs, ne cesse de susciter des mouvements de résistance au sein des populations envahies, pillées et massacrées par des armées étrangères... Alors se dressent des Résistants qui, un jour, libéreront leurs pays du joug étranger...
Aujourd’hui comme hier, les Résistants sont appelés « terroristes » par leurs ennemis et par les collabos...
Notes
>>> Les photos illustrant cette page représentent des fleurs de pensées sauvages ou « viola tricolor », emblème de l’Espérance .
Cette jolie plante aux couleurs vives est aussi appelée « Fleur de la Trinité ». Elle est comestible , utilisée en infusion. Elle pousse en haute montagne, dans nos jardins et sur les rocailles : est-ce pour cette dernière raison qu’elle symbolise l’Espérance ?
>>> L'Appel du 18 juin fera l'objet d'un prochain article, calendrier oblige.
>>> Charles Péguy est un écrivain, essayiste français, issu d’un milieu modeste, né en 1873, il meurt au début de la Grande guerre, le 5 septembre 1914.
Après avoir été militant socialiste et dreyfusard, vers 1908 il déclare à un ami avoir retrouvé la foi. Cette « conversion » donnera naissance à ses grandes œuvres poétiques : voir le site Espace français.
Pour en savoir plus sur la vie et les œuvres de cet homme attachant on peut consulter aussi l’Encyclopédie de l’Agora, Fluctuat et Wikipédia .
>>> La Victoire de Samothrace : cette spendide statue de la déesse grecque de la Victoire (Niké) a été découverte en 1863, par le vice-consul de France à Andrinople, dans la petite île de Samothrace.
> On peut lire ICI un court exposé passionnant sur l'histoire de cette statue datant de l'époque hellénistique (IIIé au Ié siécle avant J.C.)
> Cliquer sur la photo de la Victoire de Samothrace pour agrandir l’image. Cette statue est exposée au Musés du Louvre.