Règlements honnêtes ou " Poudre aux yeux " ?
Comme personne n'est dans "le secret des dieux", comment savoir ce qu'il sortira de toutes ces tractations croisées : USA, Israël, Egypte, Jordanie et Mahmoud Abbas ?
Ballet diplomatique qui ignore et écarte des discussions, une partie des principaux intéressés... comme à l'accoutumée !
On peut se demander, vu les atermoiements de l'Administration américaine et du Président Obama, quel est le véritable problème :
... Est-ce comment créer un Etat Palestinien dans les Territoires Occupés (1) par Israël ?
ou plutôt
... Est-ce comment régler le sort des Palestiniens au mieux des intérêts israéliens ?
Voici l'analyse des "Tractations secrètes au Proche-Orient" faite par
Bernard Guetta
le 7 janvier 2010 à 8h20 sur France Inter ;
D’abord les faits, pièces d’un puzzle particulièrement ardu. Les ministres des Affaires étrangères de deux pays arabes, l’Egypte et la Jordanie, seront demain à Washington pour des consultations sur le conflit israélo-palestinien. Ces visites font suite à une impressionnante série de rencontres diplomatiques sur le même dossier puisqu’en l’espace de dix jours, on a vu le Premier ministre israélien se rendre au Caire et les chefs de file du Hamas en Arabie saoudite, les dirigeants égyptiens et saoudiens s’entretenir à haut niveau et le président palestinien se concerter longuement, en tête-à-tête, avec le président égyptien.
Parallèlement les interminables négociations indirectes entre le Hamas et Israël sur l’échange de prisonniers qu’il projette depuis des mois se poursuivent sans se rompre.
Georges Mitchell, l’émissaire américain pour le Proche-Orient est à nouveau attendu dans la région la semaine prochaine après un passage par Paris et Bruxelles. Washington annonce sa détermination à « s’engager plus encore », cette année, dans la recherche d’un règlement et une phrase, surtout, retient l’attention. Commentant ce qu’il venait d’entendre de la bouche de Benjamin Netanyahu lors de sa visite au Caire, le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré : « Je ne peux pas parler des détails mais le Premier ministre a discuté de positions qui surpassent ce que nous avons entendu de leur part depuis longtemps. Je ne peux pas dire qu’il a changé de position mais il avance », a-t-il ajouté en disant avoir le sentiment que « tout était sur la table ».
Or ces derniers mots sont d’autant plus frappants qu’avant même cette visite au Caire, l’ancien ministre Yossi Beilin, une figure de la gauche, la principale personnalité du camp de la paix israélien, croyait savoir, et le disait, que Benjamin Netanyahu, le héros de la droite, était décidé à rouvrir des pourparlers de paix visant à la création d’un Etat palestinien et acceptait que la question du statut de Jérusalem soit « sur la table ».
Tout cela est naturellement à prendre avec la plus extrême prudence mais le fait est qu’il s’est produit, en 2009, avant même tous ces échanges diplomatiques, leur ouvrant la voie peut-être, plusieurs changements de fond susceptibles de modifier la donne proche orientale
Les Etats-Unis ont fait comprendre qu’ils ne se satisferaient plus du statu quo et obtenu des Israéliens un gel provisoire de la colonisation qui, bien qu’il ne concerne pas Jérusalem-Est, est une nouveauté assez totale pour valoir des menaces de mort au ministre israélien de la Défense, Ehud Barak. Benjamin Netanyahu s’est publiquement rallié, en juin, au principe de la création d’un Etat palestinien qu’aucune grande force politique israélienne ne refuse ainsi plus et il cherche maintenant à ouvrir son gouvernement au centre, comme s’il préparait un changement de politique.
L’immense majorité, surtout, des Israéliens, à gauche comme à droite, a désormais intégré l’idée qu’il n’y avait, à terme, qu’une seule alternative pour leur pays : la création d’un Etat palestinien ou celle d’un Etat binational, israélo-palestinien, dans lequel ils deviendraient vite minoritaires.
Les pièces du puzzle sont à assembler. C’est un puzzle, mais les pièces sont là.
Quelques remarques en passant...
Bernard Guetta fait preuve d’optimisme en disant qu’il s’est produit en 2009 « plusieurs changements de fond susceptibles de modifier la donne proche orientale » :
- Ralliement de Benyamin Netanyahu au principe de la création d’un Etat Palestinien ?... on a pu constater justement en 2009
qu’il y a loin de « la coupe aux lèvres » ; quelle est la cohérence de cette déclaration avec les faits :
- Gaza dévastée et soumise à un blocus de plus en plus sévère, colonisation accélérée de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et raids quasi quotidiens sur Gaza, ces derniers jours...
Ruines dans Gaza après le passage de "Plomb durci" (janvier 2009)
- Cette dernière information du site Internet de Yedioth Ahronoth le 3 janvier :
« la direction de l'armée occupante israélienne a décidé de redéployer ses forces armées (2), dont l'installation de 10 brigades de préservation en Cisjordanie, pour le secours des services de renseignements sionistes en cas de guerre.»
- Georges Mitchell peut toujours prétendre au sujet de B. Netanyahu : « Je ne peux pas dire
qu’il a changé de position mais il avance » !
A reculons, sans nul doute, comme son interlocuteur américain... Depuis bientôt un an, il ne semble pas que l’émissaire de la plus grande puissance militaire actuelle ait avancé d’un pas dans ses pourparlers avec Israël... Comprenne qui pourra ?
- Les Etats-Unis ne se satisferaient plus du statu quo ? Vraiment ? Leur fermeté vis-à-vis d’Israël n’est pas des plus évidentes.
- Mahmoud Abbas représente-t-il vraiment la population palestinienne ? Pourquoi ne pas interroger les Palestiniens à ce sujet ? Sans doute, parce que tous ceux qui s'agitent "au sommet"
connaissent la réponse et qu'elle ne leur convient pas plus qu'en 2006...
- Israël continue, dans l'indifférence quasi générale, à appliquer en Palestine sa politique du "Fait accompli"... occupant de plus en plus de terres en Palestine, et le territoire d'un hypothétique état palestinien se réduit comme une "peau de chagrin" chaque jour... Ces pourparlers, qui s'éternisent, illustrent l'art et la manière de gagner du temps, artifices dans lesquels les gouvernements israéliens successifs sont passés maîtres depuis des années...
Une paix juste a-t-elle encore une petite chance
au Proche-Orient ?
Sans justice et sans vérité, il ne peut y avoir de
Paix.
Notes
> Bernard Guetta est un journaliste français spécialiste de politique internationale. On peut
l'écouter du lundi au vendredi de 8h17 à 8h20 sur France INTER : c'est en général fort intéressant même si on ne partage pas toutes ses conclusions. Consulter les Archives de janvier
2010.
> Photo 1 : troupes israéliennes en décembre 2009 - Voir ICI
> Cliquer sur la Photo 2 pour voir la vidéo correspondante - Article lié ICI