Exécution du Roi Louis XVI le 21 janvier 1793
Paris, Place de la Révolution (la Concorde actuellement)
Il y a 218 ans, le roi de France Louis XVI, citoyen Louis Capet pour les révolutionnaires de ces terribles années-là, était guillotiné à Paris sur la Place de la Révolution (de nos jours, la Place de la Concorde).
Depuis tous les ans, le 21 janvier date anniversaire de la mort de Louis XVI, des Français royalistes, et d’autres émus par ce destin tragique, honorent la mémoire de ce roi : des messes sont célébrées à Paris et en d’autres villes…
Après la prise par le peuple de Paris, le 10 août 1792, du Palais de Tuileries - où résidait la famille royale – le roi et sa famille sont incarcérés dans la prison du Temple.
Le 21 septembre 1792, La Convention assemblée constituante élue au suffrage universel pour la première fois proclame l’abolition de la royauté. Tout va alors aller vite, malgré les débats houleux entre les députés (Girondins et Montagnards), quant au sort à réserver au Roi déchu.
Le 20 novembre 1792, la découverte aux Tuileries de documents secrets dans la fameuse « armoire de fer » prouvant, selon les révolutionnaires, la trahison de Louis XVI précipite les événements et rend le procès du roi inévitable.
Voir ICI et LÀ . Il faut noter que l’authenticité de ces documents n’est pas prouvée selon deux historiens contemporains Paul et Pierrette Girault de Coursac, spécialistes du règne de Louis XVI.
Le procès, sans témoin, débute le 10 décembre 1792.
Le 25 décembre 1792, jour de Noël, il écrit son testament. Après l’avoir rédigé, il dit à Malesherbes l’un de ses amis défenseurs venu le visiter :
« J'ai arrangé mes petites affaires; à présent ils peuvent faire de moi ce qu'ils voudront. »
Le lendemain, Louis XVI comparaît devant la Convention. Après la plaidoirie de ses défenseurs, le 28 décembre, il fait une courte déclaration :
Cf. Convention nationale
Débats de la Convention nationale [archive], 1828, p. 248
« On vient de vous exposer mes moyens de défense, je ne les renouvellerai point ! En vous parlant peut-être pour la dernière fois, je vous déclare que ma conscience ne me reproche rien, et que mes défenseurs ne vous ont dit que la vérité… »
Les jours qui suivent, jusqu’au 16 janvier 1793 date du dernier vote capital, les débats se déroulent à la Convention, débats houleux, pour ne pas dire haineux, aux cours desquels se déchaînent les « ténors » de la Convention pour réclamer « la mort ! » : Danton, Vergniaud, Robespierre, Saint-Just, Marat, Barère, Sieyès, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne, Lepeletier de Saint-Fargeau, etc. ... qui, à leur tour, monteront sur l’échafaud…
Le sort de Louis XVI, celui de son épouse Marie-Antoinette et de leurs enfants, sont scellés… à 5 voix de majorité !
Voici le Testament de Louis XVI, remis à la Commune le jour de son exécution.
Source ; http://fr.wikisource.org/wiki/Testament_de_Louis_XVI
Ce beau texte profondément humain, empreint de simplicité, d’humilité, de pardon pour ceux qui le condamnent, de reconnaissance pour les amis qui l’ont aidé dans ses épreuves, d’affection pour son épouse et leurs enfants, est celui d’un vrai chrétien. Ce témoignage émouvant mérite d’être connu.
Testament de Louis XVI
25 décembre 1792
Avertissement :Le texte est basé sur le manuscrit original et respecte donc la graphie de l'époque.
Testament de Louis XVI, rédigé le 25 décembre 1792, envoyé à la Commune de Paris, le 21 janvier 1793.
Au nom de la tres Sainte Trinité du Pere du fils et du St Esprit. Aujourd'hui vingt cinquieme jour de
Decembre, mil sept cent quatre vingt douze. Moi Louis XVIe du nom Roy de France, etant depuis plus de quatres mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple a Paris, par ceux qui
etaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, mesme depuis le onze du courant avec ma famille de plus impliqué dans un Proces dont il est impossible de prevoir l'issue a cause
des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun pretexte ni moyen dans aucune Loy existante, n'ayant que Dieu pour temoin de mes pensées et auquel je puisse m'adresser. Je declare ici en sa
presence mes dernieres volontés et mes sentiments.
Je laisse mon ame a Dieu mon createur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses merites, mais par ceux de Notre Seigneur Jesus Christ qui s'est offert en sacrifice a Dieu son Pere, pour nous autres hommes quelqu'indignes que nous en fussions, et moi le premier.
« Je meurs dans l'union de notre sainte Mere l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel J.C. les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l'Eglise, les Sacrements et les Mysteres tels que l'Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. je n'ai jamais pretendu me rendre juge dans les differentes manieres d'expliquer les dogmes qui dechire l'Eglise de J.C., mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m'accorde vie, aux decisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformement a la discipline de l'Eglise suivie depuis J.C. Je plains de tout mon cœur nos freres qui peuvent etre dans l'erreur, mais je ne pretends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chretienne nous l'enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes pechés. J'ai cherché a les connaitre scrupuleusement a les detester et a m'humilier en sa presence, ne pouvant me servir du Ministere d'un Pretre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) a des actes qui peuvent estre contraires a la discipline et a la croyance de l'Eglise Catholique a laqu'elle je suis toujours resté sincerement uni de cœur Je prie Dieu de recevoir la ferme resolution ou je suis s'il m'accorde vie, de me servir aussitot que je le pourrai du Ministère d'un Pretre Catholique, pour m'accuser de tous mes peches, et recevoir le Sacrement de Penitence.
« Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j'aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait.
« Je prie tous ceux qui ont de la Charité d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
« Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal.
« Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du Sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.
« Je recommande mes enfants à ma femme, je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux; je lui recommande surtout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l'Éternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de Mère, s'ils avaient le malheur de perdre la leur.
« Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
« Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur Mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu'elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. je les prie de regarder ma sœur comme une seconde Mère.
« Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses Concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve. Qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement, étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile.
« Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d'effervescence, on n'est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s'il en trouve l'occasion, de ne songer qu'à leur malheur.
« Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m'ont montré un véritable attachement et désintéressé. D'un côté si j'étais sensiblement touché de l'ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n'avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l'autre, j'ai eu de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuit que beaucoup de personnes m'ont montrés. Je les prie d'en recevoir tous mes remerciements; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
« Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j'ai eu tout lieu de me louer depuis qu'il est avec moi. Comme c'est lui qui est resté avec moi jusqu'à la fin, je prie M. de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.
« Je pardonne encore très volontiers a ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
«Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l'expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu'ils se sont donnés pour moi.
« Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
« Fait double à la Tour du Temple le 25 Décembre 1792.
« Louis.
Quelques Notes…
L’image de la guillotine, présentée ici, est une gravure du XVIIIe siècle. Ces deux avis terrifiants y sont gravés aussi et l’encadrent :
"Le poignard des patriotes est la hache de la loi .
Traites regardez et tremblez elle ne perdra son activité,
que quand vous aurés tous perdu la vie."
Sur l’histoire de la guillotine voir en cliquant sur les vignettes ci-dessous :
Un document de la " BNF : La guillotine en 1793 : d'après des documents inédits des Archives nationales / Hector Fleischmann"
La peine de mort a été, Dieu merci, abolie
dans notre pays et la sinistre machine reléguée au musée des horreurs ! Merci aussi à tous ceux qui ont œuvré pour son abolition, en particulier à Robert Badinter.
Plus d’informations ICI
La peine de mort continue d’exister dans de trop nombreux pays dans le monde et, entre autres, dans certains pays chrétiens… Que ceux qui croient en Dieu et passent sur ce site, aient la curiosité de lire, ou relire, l’histoire de Caïn et Abel : n’est-il pas remarquable que Dieu n’ôte pas la vie de Caïn pour le meurtre de son frère ? Cela ne devrait-il pas nous faire réfléchir ?
Voir Gn 4, 1-16
Le site Histoire-Géo-EducationCivique-Etc… propose un article sur « Le procès et la mort de Louis XVI (11 décembre 1792-21 janvier 1793) » publié en mai 2008 avec des séquences vidéo 1 et 2 de La Révolution française, film de Robert Enrico, sorti en 1989 (à l’occasion du Bicentenaire de la Révolution).
Sur tous les acteurs de ce drame et de cette Révolution qui ont déchiré notre pays, les documents et ouvrages historiques abondent. Chacun en trouvera sans peine. Il faut noter que, depuis quelques années, plusieurs historiens ont réhabilité la figure du Roi Louis XVI qui ne méritait pas tant d'infamie de la part de ses contemporains...
Il semble que la biographie de Louis XVI, écrite par l’historien Jean-Christian Petitfils en 2005, soit actuellement la meilleure. S’appuyant sur une documentation importante, l’auteur s’attache à peindre le vrai visage de Louis XVI en balayant tous les clichés qui le dénaturaient : c'est le portrait « d'un homme intelligent et cultivé, d'un roi scientifique, passionné par la marine et les grandes découvertes, qui, en politique étrangère, joua un rôle déterminant dans la victoire sur l'Angleterre et dans l'indépendance américaine. Loin d'être un conservateur crispé, en 1787 il voulut réformer en profondeur son royaume par une véritable Révolution royale… » Cf. 4eme de couverture du livre.
La veille de la fuite à Varennes, en juin 1791, Louis XVI avait écrit un " testament politique". Ce texte était connu à cette époque et a desservi le roi lors du procès.
Ce manuscrit, disparu depuis lors, a été retrouvé en 2009 aux USA.
Voici pour terminer un beau portrait de Louis XVI, roi de France et de Navarre (1754-1793) peint en 1776 par Joseph-Siffred Duplessis (1725-1802). Ce tableau est actuellement au Musée national du Château et des Trianons à Versailles.