Ce poème de William Blake...
Ce beau voilier voguant vers la Lumière,
Symboles d'une Espérance,

La mort,
C'est comme un bateau
Qui s'éloigne
vers l'horizon...
Quelqu'un à mon côté dit :
"Il est parti."
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard, c'est tout...
Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force
De porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue
Est en moi, pas en lui.
Et juste au moment où
quelqu'un
près de moi dit :
"Il est parti", il en est d'autres, qui
le voyant
Poindre à l'horizon et venir vers eux,
S'exclament avec joie :
"Le voilà !..."
« Ô, vous qui m’avez aimé, ne regardez pas la vie que je finis
mais celle que je commence » Saint Augustin
Notre amie nous a quittés, cet Eté... Il y a quelques semaines déjà...
Rien n'a changé et rien n'est plus pareil... Les mots de tous les jours sont bien pauvres pour exprimer la peine et le vide.
Elle ne sera plus là, lors de nos réunions de lecture... Et pourtant je sentirai sa présence sereine, amicale et discrète, accompagnant nos échanges, nos rires et notre émotion lorsque nous parlerons d'elle : qu'allons nous dire, qu'allons nous faire cette première fois où elle ne sera pas là, où elle ne sera plus là ?
Elle va terriblement nous manquer... puis le temps passera. Pour certaines d'entre nous, son souvenir s'estompera, pour d’autres comme moi il demeurera.... Elle est partie si rapidement, sans bruit, laissant sa famille et ses amis désemparés... ça ne peut pas être vrai... Déjà un mois, nous étions autour d'elle pour le dernier A Dieu...
Ce sentiment d’irréalité, toujours le même, qui m'étreint chaque fois que disparaît un être cher... Tout ceci n’est pas vrai... Tout ceci ne peut être vrai ! Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ?
... Et il me souvient la complainte de Rutebeuf :
Que sont mes amis devenus...
Que j'avais de si près tenus...
Et tant aimés...
Le vent ne les a pas dispersés, Non ! Et je fais le rêve qu'il les a portés tendrement sur les ailes de l'Esprit jusqu'au Père Eternel...
Nous, Croyants, gardons au coeur la folle Espérance, en quittant cette terre, de retrouver ceux que nous aimons dans la lumière du Seigneur. Qu'importe ce que sera cette vie promise, si cette confiance nous aide à vivre, à aimer ici-bas et à affronter avec sérénité l'échéance ultime : n'est-ce pas l'essentiel ?
Ceux que nous aimons ne nous quittent jamais: ils sont là au creux de nos souvenirs ... au chaud de nos coeurs.
Ils nous ont tant donné, ils nous ont tant appris que c'est du bonheur de les évoquer, lorsque le vide et la douleur de l’absence se font moins aigus.
Marrakech - La Menara et l'Atlas
Notes
- Merci à Saudade pour la magnifique peinture illustrant le poème
http://saudade.unblog.fr/2007/05/22/le-voilier/
- William Blake (1757-1827) est un peintre et un grand poète anglais.
- Photo de Marrakech:
http://photos.linternaute.com/paysville/44089/1210161/1082190035/la-menara-et-l-atlas/