Mosquée de Cordoue
Faouzi Skali, notre contemporain, est un fidèle de la voie soufie Qadiriya Boutchichiya. Il rappelle en quelques lignes avec un brin d’humour, que la cohérence dans nos prières à Dieu ne nuit en rien à l’expression de notre foi... Bien au contraire !
On dit qu’un saint était en méditation lorsque,
Débordant d’amour et de compassion, il dit :
« Mon Dieu,
sauvez tous les disciples
de ma communauté ! »
Une voix céleste alors lui répondit :
« Et les autres donc, ne les ai-je pas crées ? »
Faouzi Skali (XXe siècle)
Ce petit conte ne fait-il pas écho à la voix de Saint Aelred de Rielvaux (1099-1166) ? Il conseillait :
« Lorsque tu pries, rassemble le monde entier
dans le creux de ton amour. »
Faouzi Skali est né au Maroc à Fès, en 1953.
Ce Docteur en anthropologie, ethnologie et sciences de religions, écrivain francophone, maître soufi est un homme de dialogue qui œuvre pour des échanges sereins entre les hommes, les cultures d’Orient et d’Occident.
En qualité de membre, du Groupe des Sages nommé par le Président de la Commission Européenne, il a contribué à la réflexion sur le « Dialogue entre les peuples et les cultures dans l’espace euro méditerranéen » : voir le Rapport du groupe des Sages de 2003.
En 1976, la lecture du "Livre du dedans" de Jalâl ud Dîn Rûmî marque un tournant dans sa vie de Croyant. L’année suivante, la rencontre de Sidi Hamza al Qâdiri al Boutchichi, dont il devient le disciple, en fera un fervent adepte du Soufisme, mouvement spirituel, mystique, ésotérique de l’Islam. Son maître soufi Si Hamza affirme :
"L’amour est la monture de l’esprit : c’est à travers lui que l’on peut connaître toute chose."
Faouzi Skali dirige depuis 2001 le Festival de Fès des musiques sacrées du monde (fondé en 1994) ainsi que le colloque international " Une âme pour la mondialisation"
Chaque année, se déroule à Fès le Festival de la Culture Soufie qu’il a fondé en 2007. Son livre « Les saints et les sanctuaires de Fès », sujet de sa thèse soutenue à la Sorbonne ,a été édité à l’occasion du premier festival.
Faouzi Skali, maître soufi, a écrit de nombreux ouvrages sur cette voie spirituelle musulmane qu’est le Soufisme. Il en parle d’une manière passionnante lors de diverses interviews.
Voici quelques extraits d’une interview à Nouvelles Clés :
... Le soufi, nous dit la tradition, est fils de l’instant...
...« Mon maître, Sidi Hamza, me dit souvent que ma vocation personnelle ne réside pas d’abord dans le fait de cultiver mon jardin intérieur, mais de faire vivre les trésors spirituels de l’Islam soufi dans le temps présent. »....
... Je voudrais insister sur une dimension du soufisme qui est
l’art.
L’éducation dont je parlais est aussi une éducation
artistique.
Le soufisme porte en son sein le culte de la beauté, du
beau.
"Le beau est la splendeur du vrai", comme disait Platon, un grand sage reconnu par
le soufisme et la philosophie musulmane.
Cette beauté, vue par le soufisme, se manifeste dans l’art mais aussi dans le
comportement humain....
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Voici, parmi d'autres, quelques pensées et réflexions
de Faouzi Skali
L'autre est la clé de soi même, à condition de ne pas vivre replié sur ses identités factices.
L'expérience humaine est absolument prodigieuse, même si elle est
déroutante. " Les hommes, dit un proverbe soufi, sont le voile suprême, mais ils sont aussi la porte. "
(Voir ICI l'entretien paru dans La Vie (numéro 2896, 1er mars 2001)
Souviens-toi que tu n’es pas seul au monde. Tu dépends de mille créatures qui font
le tissu de ta vie.
C'est de ton âme à ton âme que le secret peut être dit.
Porte tes yeux sur ta mort et tu recevras chaque souffle de vie comme un don.
Ce chemin, O ami, tu t'y es perdu parce qu'il n'est pas le tien. Tu as emprunté les allées et les avenues des autres voyageurs parce qu'elles étaient fréquentées et que tu croyais les connaître !
Tes actes naissent dans le creuset de ton cœur. Si celui-ci est pur ils seront purs, s’il ne l’est pas ils seront viciés. (Faouzi Skalî, Paroles initiatiques soufies)
Dans son monastère médiéval, déjà à cette époque lointaine, Saint Aelred de Rielvaux voyait la présence de Dieu dans toute amitié vraie, eten faisait l'un des chemins vers l'amour de Dieu. En cela, de nombreux penseurs et religieux contemporains d'obédience diverses, le rejoignent, en Orient comme en Occident.
Aelred de Rielvaux (vers 1099-1166) était un moine cistercien, le plus célèbre et remarquable de l’Abbaye de Rielvaux, dont il fut le troisième Abbé à partir de 1146.
Cette abbaye située dans le nord du Yorkshire fut le premier monastère cistercien du Nord de l’Angleterre. On peut admirer les ruines de cette Abbaye ICI .
Aelred a été le premier Anglais a intégrer l’Ordre Cistercien dans le Nord de l’Angleterre.
Il a écrit de nombreux ouvrages historiques, poétiques et religieux. C’est l’un des plus importants modèles de la spiritualité monastique du XIIe siècle. Il prônait l’amitié comme voie spirituelle : l’amitié, plus que toute autre relation humaine, est de nature à nous ouvrir au cœur de Dieu.
Ses œuvres, fondées sur la tradition antique, sont empreintes d’ « une spiritualité d'une haute sensibilité personnelle dans lesquelles l'amitié humaine mène à l'amour de Dieu »
Voici deux de ses écrits les plus marquants :
Sur l'amitié spirituelle (De spirituali amicitia)
Miroir de la charité (De Speculum caritatis)
Sources
Sur Aelred
En français : Wikipedia, Site Marie de Nazareth
En anglais : The Catholic Encyclopedia,
The Cistercians in Yorkshire 1
Sur l’Abbaye de Rielvaux
The Cistercians in Yorkshire 2
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