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L'enfer des checkpoints israéliens : cliquer
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« La poésie a la fragilité de l'herbe. L'herbe paraît si vulnérable, mais il suffit d'un peu d'eau et d'un rayon de soleil pour qu'elle repousse. »
Mahmoud Darwich
Dans la « foulée » des pages ى et ب consacrées dernièrement à « Palestine mon Pays », voici un poème intitulé « Identité » écrit par Mahmoud Darwich en 1964. Il traduit sans complaisance ce que dénonce Amin Maalouf dans son essai « Les Identités meurtrières »
Ce poème a résonné dans les cœurs palestiniens et, bien au-delà des frontières de la Palestine meurtrie et humiliée, le monde arabe l’a adopté comme un hymne.
Bien qu’il s’en soit toujours défendu en affirmant : « Je suis Palestinien, un poète palestinien, mais je n’accepte pas d’être défini uniquement comme le poète de la cause palestinienne. », Mahmoud Darwich est bien devenu le chantre de la cause et de la résistance palestinienne pour ses compatriotes, et pour le monde.
Il a mis sa plume et son talent de poète pour chanter son pays, dénoncer l’occupation israélienne. Les Israéliens ne s’y sont pas trompés, qui l’ont mis plusieurs fois en prison et exilé...Voici ce qu’il déclarait lors d’une interview au Nouvel Observateur, en 2006 deux ans avant sa mort :
« Le paradoxe aujourd’hui, c’est que j’écris sur la beauté dans un pays où elle a été mutilée, saccagée, et où l’on vit en deçà de la vie. Je tente de compenser ce manque par la beauté que je chante dans mes poèmes. Comme un poète qui recommencerait de zéro, je m’attache à décrire la forme d’un nuage ou d’un cyprès, la fleur d’un amandier. […] La poésie en Palestine est un combat pour « désoccuper » la langue. On me reproche parfois de ne plus être un poète de la résistance, un militant. Mais la vraie défaite serait que notre langue même soit vaincue par l’occupation. […] Écrire un poème d’amour sous l’occupation est une forme de résistance. L’espoir est la maladie incurable des Palestiniens. Notre fardeau. Je refuse l’esprit de défaite et m’accroche à l’espoir fou que la vie, l’histoire, la justice ont encore un sens. J’ai choisi d’être malade d’espoir. »
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Identité
Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d’enfants : huit
Et le neuvième... arrivera après l’été !
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j’ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d’écolier
Je les tire des rochers...
Oh ! je n’irai pas quémander l’aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille - je suis mon prénom
« Patient infiniment » dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines...
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l’effusion de la durée
Avant le cyprès et l’olivier
...avant l’éclosion de l’herbe
Mon père... est d’une famille de laboureurs
N’a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan - être
Sans valeur - ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis - cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.
Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux... couleur du charbon
Mes yeux... couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un keffieh avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
...elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c’est
L’huile d’olive et le thym
Mon adresse :
Je suis d’un village isolé...
Où les rues n’ont plus de noms
Et tous les hommes... à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme
Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !
Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as raflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
...à ce que l’on dit !
DONC
Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n’ai pas de haine pour les hommes
Que je n’assaille personne mais que
Si j’ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !
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Les derniers vers, empreints de dignité bafouée, vibrent de colère...
Checkpoint urbain : Zoom
Depuis 1964, année de la parution du recueil « Rameaux d’olivier » où figure ce poème – Mahmoud Darwich était un jeune homme de 23 ans, révolté par l’occupation israélienne – on cherche vainement une amélioration de la situation. Des murs de ségrégation des populations coupent parfois des villages palestiniens en deux ou séparent leurs paysans de leurs champs. La colonisation s’étend telle une toile d’araignée et dépossède les habitants de leurs maisons et de leurs terres... Tsahal omniprésente partout dans les Territoires occupés de Cisjordanie et à Jérusalem-Est ... Et des checkpoints ont « fleuri » tous le long de ces « frontières » décrétées unilatéralement par Israël qui impose un blocus féroce, sur terre et par mer à la population de Gaza... Gaza dévastée par la meurtrière opération « Plomb durci » exécutée par « l‘armée la plus morale du monde » dixit Tsahal !
Et pourtant en 1974, dix ans après 1964 année de la création de l’OLP, Yasser Arafat fait à l’ONU un discours écrit par Mahmoud Darwich : « Aujourd’hui, je tends une branche d’olivier et un fusil de combattant de la liberté. Ne laissez pas ma branche tomber de mes mains. ».... Le droit des Palestiniens à l’indépendance et à l’autodétermination sera reconnu à ce moment.
Tout observateur honnête pourra constater de quelles manières Israël et la Communauté internationale, en particulier occidentale, observent et garantissent les droits des habitants de Cisjordanie et de Gaza.
> Les trois photos en-tête de page sont des exemples plutôt « soft » de la réalité et des humiliations quotidiennes que vivent les Palestiniens, lorsqu’ils sont obligés de faire d’interminables queues épuisantes pour se rendre à leur travail, dans un hôpital, etc. ...
> Pour plus d’informations sur les checkpoints en Palestine, il suffit de faire une recherche sur GOOGLE avec le critère « Checkpoints israéliens »
> Journal des Alternatives : un article remarquable sur Mahmoud Darwich, le poète du Peuple
> des interviews au Nouvel Observateur, au journal italien Il manifesto
Le 16 juillet 2008, peu de temps avant sa disparition, Mahmoud Darwish s'est entretenu avec Vincent Truffy de MEDIAPART
>>>
Le 14 juin 2010, le maire de Paris a inauguré la Place Mahmoud Darwich, Quai Malaquais dans le VIeme arrondissement de Paris.
Cette cérémonie n'a guère fait de bruit. Au mois d'avril précédent, Mr Delanoë avait inauguré une Esplanade Ben Gurion
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