Les prémices des récoltes
Au début du 1er siècle
à Jérusalem
en Judée, Province de Palestine
occupée par les Romains.
Cinquante jours ont passé depuis Pessah, la Pâque juive, pendant laquelle Jésus a été mis à mort la veille du Sabbat et ressuscité à l’aube du troisième jour.
Ce jour-là, c’est Shavouot , l’une des trois fêtes de pèlerinage obligatoire au Temple : les paysans y portent les prémices de leurs récoltes en offrande et action de grâce. Les Juifs vivant hors de Judée, membres de la Diaspora, se rassemblent à Jérusalem pour célébrer Shavouot ou Fête des semaines : en effet ce pélerinage a lieu tous les ans à fin de la septième semaine après Pessah - Pâque juive du passage de la Mer Rouge par les Hébreux conduits par Moïse - Les juifs font mémoire du don de la Torah sur le Sinaï et rendent grâce à Dieu.
Jérusalem est remplie de pèlerins israélites, prosélytes, "craignant Dieu", venus de tout l’Empire romain pour accomplir au Temple les rites prescrits par la Loi :
"Il y avait des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel",
dit Luc dans les Actes des apôtres (Ac 2,5).
Ces pèlerinages (Pessah, Shavouot au Printemps et Souccot à l’Automne) donnent lieu à de grandes réjouissances, des échanges commerciaux, des rencontres d’études religieuses, ressemblant à une sorte de foire internationale où se côtoient, dans Jérusalem, des gens parlant toutes les langues du monde alors connu...
Les Apôtres se tiennent à Jérusalem, depuis qu’une dizaine de jours plus tôt Jésus les a quittés, le jour de l'Ascension, sur cette promesse :
« Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8)
Ils sont donc tous réunis au cénacle :
il y a Pierre, Jean et Jacques "les fils du tonnerre", André, Philippe et Thomas, Jacques fils d'Alphée, Barthélémy et Matthieu, Simon le Zélote et Jude fils de Jacques.
Matthias est là aussi, après son élection par les onze apôtres pour occuper la place de Judas dans le ministère de l'apostolat.
"Tous, d'un même coeur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec
ses frères" (Ac 1, 14).
Depuis la mort de Jésus, tous vivaient dans la prière mais aussi dans la crainte de persécutions : l'aventure extraordinaire, qu'ils vont vivre le jour de la Pentecôte, va bouleverser le cours de leur vie et donner naissance à la première communauté
chrétienne ... au Christianisme et à la Chrétienté.
Luc raconte, au chapitre 2 des Actes des Apôtres, le miracle de Pentecôte magnifiquement illustré par le tableau (ci-dessus) de El Greco qui est exposé au Musée du Prado à Madrid :
Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient.
Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux.
Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.
Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome.
Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : " Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ?
Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu !"
Tous étaient stupéfaits et se disaient, perplexes, l'un à l'autre :
" Que peut bien être cela ? "
D'autres encore disaient en se moquant : " Ils sont pleins de vin doux ! "
Baptisés dans l'Esprit Saint, les Apôtres sont pleins de foi et de courage ; ils ne craignent plus d'annoncer Jésus-Christ. Pierre va alors adresser à la foule un grand discours (Ac 2, 14-36) :
Pierre alors, debout avec les Onze, éleva la voix et leur adressa ces mots : " Hommes de Judée et vous tous qui résidez à Jérusalem, apprenez ceci, prêtez l'oreille à mes paroles. Non, ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez ; ce n'est d'ailleurs que la troisième heure du jour...
...
" Que toute la maison d'Israël le sache donc avec certitude : Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié. "
La foule est subjuguée par les paroles de Pierre : beaucoup vont se convertir... Trois mille conversions environ rapporte Luc (Ac 2 37-41), donnant naissance à la première "communauté chrétienne"
D'entendre cela, ils eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux apôtres : " Frères, que devons nous faire ? " Pierre leur répondit : " Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit...
...Par beaucoup d'autres paroles encore, il les adjurait et les exhortait : " Sauvez-vous, disait-il, de cette génération dévoyée. "
Eux donc, accueillant sa parole, se firent baptiser. Il s'adjoignit ce jour-là environ trois mille âmes.
Luc
décrit, à la fin du
chapitre, l'enthousiasme et l’exaltation qui animent ces néophytes ainsi :
Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte s'emparait de tous les esprits : nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres. Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Jour après jour, d'un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés.
C'est le départ d'une grande aventure humaine qui, depuis deux mille ans, se poursuit de nos jours... grâce
aux dons de l'Esprit que l'on peut prier ainsi :
Viens, Esprit Saint
Et fait jaillir l'éclat de ta splendeur.
Viens, Père des pauvres,
Viens, Esprit généreux,
Viens, Lumière des cœurs,
Et fais jaillir l'éclat de ta splendeur.
Toi, le parfait consolateur,
merveilleuse fraîcheur.
En nous, Tu fais habiter la paix.
Dans la peine, Tu es le repos,
dans l'épreuve, la force,
dans la tristesse, la consolation.
Lumière bienfaisante,
pénètre l'intimité de nos cœurs
car nous te sommes fidèles.
Sans ta présence, dans l'homme
il n'y a rien qui soit pur.
Lave notre péché,
abreuve notre sécheresse,
guéris notre blessure,
fléchis notre rigidité,
enflamme notre tiédeur,
redresse notre égarement.
A ceux qui se confient en toi
et te reçoivent dans la foi,
accorde tous tes dons.
Donne-leur de grandir en toi,
et de persévérer dans le salut.
Donne-leur la joie qui demeure.
Retable de la Pentecôte - XIIéme siècle
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